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Pour lutter contre les légionelles de manière efficace et durable, il est nécessaire d’agir préventivement notamment par une bonne conception des installations ainsi que par une maîtrise de la température de l’eau afin d’utiliser le moins possible de moyens curatifs ultérieurement car les effets de ceux-ci sont de courte durée et peuvent avoir, des conséquences néfastes sur l’état des réseaux.
Les réseaux de distribution doivent être conçus de manière à limiter l'installation de biofilms et/ou de dépôts de produits de corrosion qui, du fait de leur constitution, nuisent d’une part à l'action des désinfectants et, d’autre part, conduisent à limiter l’efficacité de certains traitements curatifs. En outre, les traitements mis en œuvre sont d’autant plus faciles à réaliser que le réseau a été bien conçu à l’origine. Toutes les opérations de réparation via l’installation de nouvelles conduites doivent être effectuées de telle sorte qu’elles n’induisent pas une contamination du réseau. A l’achèvement des travaux, des purges permettent d’éliminer les particules et les souillures induites et une désinfection finale permet de garantir la qualité de l’eau séjournant dans le réseau.
Les réseaux d’eau, en particulier les réseaux d’eau chaude sanitaire, nécessitent un entretien rigoureux et régulier. Les opérations d’entretien comprennent le nettoyage des installations (lutte contre le tartre et la corrosion) et, souvent, la désinfection des installations (réseaux hors service) en cas de résultat positif des analyses bactériologiques.
Les actions
préventives et curatives : objectifs et moyens à mettre en œuvre
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Traitement thermique curatif
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Il consiste à faire circuler de l’eau à une température de 70°C environ pendant 30 minutes dans l’ensemble des réseaux de distribution de la production jusqu’au point de puisage. Cette opération doit être suivie d’un rinçage soigneux des canalisations.
Ce procédé a une bonne efficacité sur les micro-organismes présents dans le réseau mais nécessite une conception de l’installation et du réseau prévue à cet effet car :
1) Certains matériaux ne supportent pas de traitement thermique : - les canalisations, raccords, etc., en matières plastiques ne supportent pas les températures élevées, le cas de la résistance du polypropylène restant cependant à étudier, notamment pour les joints. - l’acier galvanisé n’est plus protégé de la corrosion dès que la température de l’eau est supérieure à 60 °C car, à cette température, les produits de corrosion du zinc qui ont réagi avec l’eau et ses constituants sont solubles et ne procurent pas la protection constatée lorsque la température est inférieure à 60 °C. 2) Les capacités thermiques des installations de production et de distribution d’eau chaude ne permettent pas toujours d’atteindre les 70°C aux points les plus éloignés de la production. Il est souvent nécessaire de segmenter le réseau en plusieurs secteurs qui sont alors tour à tour concernés par le choc thermique.
Cette méthode nécessite de déployer d’importantes mesures de protection pour éviter les brûlures pendant son utilisation (affichage, personnel présent au point de puisage, etc.). Ce traitement présente une bonne efficacité en profondeur de la désinfection mais il n’a pas de caractère rémanent. En outre, utilisée à répétition, la méthode peut favoriser la formation de dépôts calcaires dans les réseaux qui peuvent favoriser un nouveau développement des légionelles.
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Traitement chimique
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Ce type de traitement peut ne pas présenter une efficacité satisfaisante vis-à-vis des bactéries situées sous le biofilm ou dans les dépôts de produits de corrosion. Compte tenu de son caractère ponctuel, il n’a pas d’effet rémanent. Afin d’obtenir un bon résultat, il peut être nécessaire de répéter ce traitement plusieurs fois. Dans tous les cas, un rinçage suffisant doit être réalisé in fine jusqu'à disparition de toute trace de la solution désinfectante afin que le réseau remis en service délivre une eau conforme aux critères de potabilité en vigueur. Avant d’envisager ce type de traitement, il est nécessaire de vérifier la compatibilité des matériaux constitutifs des installations avec le produit (cf. tableau n°3). |
2. Réseau en service : désinfection « continue »
Les tableaux n°2 et 3 présentent la liste des produits et procédés utilisables de manière continue et leur compatibilité vis à vis des matériaux constitutifs des installations.
Température de l’eau
Le respect de températures suffisamment élevées dans les installations permet de limiter le développement des légionelles.
Désinfection en continu
La désinfection préventive est basée sur la maîtrise continue des bactéries en suspension.
L’utilisation de produit désinfectant en continu est à éviter autant que possible.
La maîtrise de la température de l’eau comme indiqué ici est à privilégier.
Le traitement de nettoyage et de désinfection des réseaux d’eaux (hors service) peut être suivi d’un traitement de protection si l’état du réseau le nécessite. Le tableau n° 4 présente la liste des produits utilisables.
Les tableaux 1, 2, 3 et 4 ci-après donnent les indications sur les types de produits utilisables en fonctions des traitements et des matériaux de l’installation.
Le nettoyage et la désinfection, résumé des actions d’entretiens :
Accomplir une analyse chimique de l’eau des conduites 1X/an afin de traiter correctement l’eau (filtration, adoucisseur, inhibiteur de corrosion, …)
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Désinfection une fois par an, au minimum, du matériel de type : adoucisseur, ballon d’eau chaude, point de puisage, …
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Réaliser un nettoyage de l’ensemble du réseau d’eau sanitaire (conduites, réservoir d’eau chaude, boiler, échangeur à plaques, points d’usage de l’eau, … ) une fois par an avec l’aide des produits chimiques de nettoyage, proposés dans le tableau n°1, en accord avec le fabricant des matériaux.
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Effectuer un traitement curatif de désinfection (suivant le tableau 2 et 3) en cas de détection de légionelles dans l’installation suite aux analyses de légionelles. Si la contamination des installations par les légionelles persiste, effectuer des travaux de rénovation afin de supprimer les points à risque du réseau inventoriés dans l’analyse des risques ou augmenter les doses de désinfectant et son temps de séjour dans les conduites.
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Réaliser une vidange des installations sanitaires en cas de période où l’installation n’est pas utilisée.
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Produits |
Produits actifs de nettoyage |
Produits alcalins de neutralisation ou de passivation |
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Acide Chlorhydrique HCl passivé à l'acide phosphorique |
Acide nitrique HNO3 |
Acide citrique HOC(CH2CO2H)2CO2H ou acide ascorbique, mélangé avec de l’acide chloridrique passivé avec acide phosphorique |
Acide sulfamique NH2SO3H |
Hydroxyde de sodium NaOH |
Hydroxyde de potassium KOH |
Carbonate de Sodium Na2CO3 |
Poly phosphates alcalins |
Ortho phosphates alcalins |
Silicates de sodium et de potassium |
Nettoyage annuel |
Pas de mélange de produit |
Les produit alcalins peuvent être mélangés tout ou partie |
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Ballons |
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Résine organique |
? |
? |
? |
O |
? |
? |
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Mortier ciment adjuvanté |
N |
N |
N |
N |
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O |
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Acier galvanisé |
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N |
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Conduites |
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Acier galvanisé |
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N |
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N |
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Cuivre |
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N |
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O |
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Inox |
N |
O |
N |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
Polyéthylène réticulé |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
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O |
O |
O |
PVC chloré |
O |
O |
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Echangeur |
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Etain |
O |
N |
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O |
O |
O |
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O |
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Nickel |
N |
N |
N |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
Cuivre |
O |
N |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
Inox |
N |
O |
N |
O |
O |
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O |
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O |
O |
Raccord, robinetterie |
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Bronze |
M |
N |
M |
O |
O |
O |
O |
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O |
O |
Laiton |
M |
N |
M |
O |
N |
N |
O |
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O |
O |
Nickel-Chrome |
M |
O |
M |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
Elastomère (joints) |
O |
O |
O |
O |
? |
? |
O |
O |
O |
O |
O=compatible M=comportement mauvais aux chocs répétés N=incompatibilité ?=la compatibilité est fonction du produit, à demander au fabricant
(Tout produit utilisé dans le réseau d’eau destinée à la consommation humaine doit être autorisé)
PRODUITS |
UTILISES EN TRAITEMENT CONTINU (à proscrire) |
UTILISES EN TRAITEMENT DISCONTINU * |
UTILISES EN TRAITEMENT CHOC CURATIF (Les concentrations de désinfectants sont données à titre indicatif. Il faut s'assurer au préalable de le tenue des matériaux avec les types et les doses de désinfectants utilisés). |
Composés chlorés générant des hypochlorites (hypochlorite de Sodium NaOCl, Chlore moléculaire Cl2, Hypochlorite de calcium Ca (ClO)2) |
1 mg/l de chlore libre |
10 mg/l de chlore libre pendant 8 h |
- 100 mg/l de chlore libre pendant 1h - - ou 15 mg/l de chlore libre pendant 24 h - - ou 50 mg/l de chlore libre pendant 12 h |
Dichloroisocyanurates (de sodium ou de sodium hydratés) |
NON |
10 mg/ en équivalent chlore libre pendant 8 h |
- 100 mg/l en équivalent chlore libre pendant 1h - - ou 15 mg/l en équivalent chlore libre pendant 24 h - - ou 50 mg/l en équivalent chlore libre pendant 12 h |
Dioxyde de chlore |
1 mg/l de ClO2 |
NON |
NON |
Péroxyde d'hydrogène mélangé avec argent |
NON |
100 à 1000 mg/L de peroxyde d'hydrogène pour un temps de contact fonction de la concentration en désinfectant et pouvant aller jusqu'à 12 heures. |
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Acide péracétique en mélange avec H2O2 |
NON |
NON |
1000 ppm en équivalent H2O2 pendant 2 h |
Soude |
NON |
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PROCEDES |
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Choc thermique |
Consignes de températures |
70°C pendant au moins 30 minutes |
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Filtration membranaire point de coupure de 0,2m |
OUI |
NON |
NON |
* Les modalités de désinfection préconisées pour les traitements discontinus n’ont été validées que pour de petits réseaux, et les retours d’expériences ne permettent pas de les valider actuellement pour les réseaux de taille plus importante. |
TRES IMPORTANT :
1. Il est important de noter que la désignation des produits chimiques dans ces listes n’implique pas la garantie de résultat du procédé. Les résultats, notamment sur l’abattement des légionelles, étant notamment liés :
- aux conditions d’emploi (dilution, composition de la préparation commerciale, mélanges de différents constituants de cette liste…)
- aux caractéristiques de l’eau.
2. Tout produit utilisé dans les réseaux d’eau destinée à la consommation humaine doit être autorisé. Si une société souhaite commercialiser un produit dont les composés ne sont pas indiqués dans les listes, une autorisation délivrée par le ministère chargé de la santé est nécessaire.
3. Le respect des exigences de qualité de l'eau destinée à la consommation humaine doit dans tous les cas être assuré. A la suite des traitements réalisés sur des réseaux hors service, un rinçage suffisant doit être réalisé afin que le réseau remis en service délivre une eau conforme aux critères de potabilité en vigueur.
Produits/procédé |
Produits de désinfection utilisables en traitement continu (à proscrire) |
Procédé de désinfection utilisable en traitement continu |
Produits de désinfection utilisables en traitement discontinu ou en traitement choc curatif |
Procédé de désinfection utilisable en traitement choc curatif |
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Composés chlorés générant des hypochlorites |
Dioxyde de chlore |
Témpérature |
Composés chlorés générant des hypochlorites |
Dichloro |
Péroxyde d'hydrogène mélangé avec de l'argent |
Acide péracétique mélangé avec du péroxyde d'hydrogène |
Soude |
Choc thermique |
Ballons |
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Résine organique |
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Mortier ciment adjuvanté |
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Acier galvanisé |
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O |
< 60 °C |
M |
M |
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N |
N |
N |
Conduites |
‰ &Nbsp;õ> |
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Acier galvanisé |
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O |
< 60 °C |
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M |
N |
N |
N |
N |
Cuivre |
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O |
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O |
O |
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Inox |
O |
O |
O |
N |
N |
O |
O |
O |
O |
Polyéthylène réticulé |
O |
O |
< 70 °C |
O |
O |
O |
O |
O |
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PVC chloré |
O |
O |
< 70 °C |
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Echangeur |
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Etain |
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Nickel |
O |
O |
O |
M |
M |
O |
O |
O |
O |
Cuivre |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
O |
Inox |
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O |
N |
N |
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Raccord, robinetterie |
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Bronze |
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Laiton |
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Nickel-Chrome |
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O |
Elastomère (joints) |
M |
M |
? |
O |
O |
O |
O |
? |
O |
O =
compatible
M = comportement mauvais aux chocs répété
N = incompatibilité
? = la compatibilité est fonction du produit, à demander au fabricant.
note 1 : les
données actuellement disponibles sur l'effet désinfectant du péroxyde
d'hydrogène avec sels d'argent, utilisé dans des conduites en acier
galvanisé, ne portent que sur des canalisations neuves et ne sont donc pas
extrapolables aux installations anciennes (risque de décomposition
catalytique de l'eau oxygénée adsorbée sur des supports d'oxydes métalliques
poreux)
PRODUITS DE PROTECTION (anti-corrosion et anti-tartre) |
RESEAU EN SERVICE (EAUX CHAUDES SANITAIRES) |
Produits actifs · Polyphosphates alcalins · Orthophosphates · Silicates de sodium · Silicates de calcium · Sulfates ou chlorures de zinc · Aluminium par anode soluble* · Magnésium par anode soluble* Mélanges de produits · Les mélanges de polyphosphates alcalins, d’orthophosphates, de silicates de sodium et d’hydroxyde de sodium sont autorisés, tout ou partie NB : - Les produits doivent être de qualité alimentaire et les doses injectées doivent être compatibles avec la réglementation des eaux destinées à la consommation humaine en vigueur et notamment pour les éléments chimiques suivants : silice, zinc, magnésium, phosphates, sulfates, sodium, … - Ne pas oublier de tenir compte de la qualité de l’eau du réseau public. |
* La mise en œuvre d’un traitement de protection par anode soluble (aluminium ou magnésium) nécessite une surveillance particulière en raison de la formation possible de nitrites (réduction des nitrates) et de l’émission dans l’eau de quantité d’aluminium excessive (cas des anodes en aluminium). Les boues d’alumine formées dans les ballons peuvent être le siège de développements biologiques et notamment de Légionelles. Il convient donc de pratiquer très régulièrement des chasses en fond de ballon permettant d’éliminer ces dépôts.