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AGW 13/06/2013 / AGRBC 10/10/2002 / BVR 09/02/2007


Légionelle - Mesures de préventions (occupant non technicien) - Mesures de prévention adéquates

Mesures de prévention générales :

Les actions préventives ont pour but d’éliminer les conditions favorables à la survie et à la prolifération des légionelles dans les installations et de limiter leur diffusion sous forme d’aérosols.

Actuellement, les systèmes de distribution d’eau chaude et les tours de refroidissement semblent être à l’origine du plus grand nombre de cas de légionelloses. Le présent chapitre développe les mesures structurelles à mettre en œuvre mais aussi les mesures de gestion des risques liées à ces installations.

Installations sanitaires 
 

Pour limiter le développement des légionelles, il est nécessaire d’agir sur trois niveaux :

 
  • éviter la stagnation et assurer une bonne circulation de l’eau (bouclage et circulation adéquate de l’eau). Lors d’un arrêt temporaire de l’utilisation de l’installation, il est nécessaire de purger les conduites ;
     
  • lutter contre les dépôts dans les réservoirs d’eau, l’entartrage et la corrosion des conduites par une conception et un entretien adaptés à la qualité de l’eau et aux caractéristiques de l’installation ;
     
  • maintenir l’eau à une température élevée ( 60°C et retour de boucle 55°C ou le plus proche possible suivant les possibilités des conduites) dans les installations, depuis la production et tout au long des circuits de distribution et mitiger l’eau au plus prêt des points d’usage. Etant donné que des températures supérieures à 55°C présentent des dangers de brûlures, les recommandations précitées exigent le recours généralisé aux mitigeurs thermostatiques. La canalisation devra dans ce cas être disposée de telle manière que la température de l’eau à l’entrée du mitigeur ne soit pas inférieure à 60°C, même sans aucun puisage (boucle).
 

Pour être efficaces, les actions préventives doivent être exercées aux étapes suivantes :

 
  • la conception des installations ;
  • la maintenance et l’entretien ;
  • la maîtrise de la température de l’eau.
 

La mise en œuvre de ces actions limite voir supprime la nécessité de réaliser des interventions curatives ponctuelles sur le réseau telles que des chocs chlorés ou des chocs thermiques, lesquels ne garantissent pas une réduction de la contamination sur le long terme. En outre, des chocs thermiques ou chlorés peuvent parfois avoir pour conséquences un déséquilibre de la flore microbienne et la dégradation des installations, favorisant ainsi la création de nouveaux gîtes favorables à la prolifération des légionelles.

Néanmoins, dans les bâtiments existants, des travaux de réfection peuvent s’avérer nécessaires afin de supprimer les défauts de conception.

   
Les climatisations
  Dans les blocs de climatisation, l’eau se condense sur les ailettes froides. Elles sont recueillies dans un bac. Si l’évacuation de cette eau se fait mal, l’eau va stagner et des bactéries peuvent s’y développer. La ventilation de la climatisation va propager les bactéries dans l’air ambiant et augmenter les risques de contamination.
Les mesures de prévention comprennent :
 
  • des mesures de lutte à court terme :
    - un nettoyage complet des surfaces et des composants pour enlever tous dépôts ou boues ;
    - une désinfection par brossage avec des produits chlorés qu’il conviendra d’éliminer avant la remise en service de l’installation ;
     
  • des mesures de lutte à long terme :
    - la qualité de l’eau introduite dans l’installation doit être soigneusement contrôlée ;
    - la qualité de la maintenance est essentielle.
   
Les humidificateurs d’air 
  Basés sur le système de brumisation d’eau, ces équipements peuvent se révéler dangereux en fonction de la qualité d’eau utilisée et dispersée dans l’air. Les mesures de prévention sont identiques à celles mentionnées ci-dessus pour les climatisations.
   
Les tours aéro-réfrigérantes 
 

Le principe des tours aéro-réfrigérantes est de refroidir de l’eau pulvérisée sur un support qui favorise les échanges thermiques par évaporation avec de l’air circulant à contre-courant (voir schémas en page 55). L’air expulsé par la tour est constitué de gouttelettes et véhicules des légionelles si le mauvais entretien et/ou la stagnation d’eau en a favorisé la prolifération. Une tour aéro-réfrigérante peut être à l’origine de contaminations à l’intérieur de l’établissement qui en est équipé ou à l’intérieur d’autres établissements situés à proximité ou même de lieux de rassemblement de personnes à l’extérieur (arrêt de bus, quai, installations sportives, …)

Les mesures de prévention comprennent :
 
  • des mesures de lutte à court terme :
    - un nettoyage complet des surfaces et des composants pour enlever tous dépôts ou boues ;
    - une désinfection par choc chloré;
     
  • des mesures de lutte à long terme :
    - une maintenance régulière de préférence par une entreprise spécialisée ;
    - une mesure de chloration permanente est souhaitable.
      Si elle n’est pas techniquement possible (corrosion), il peut être procédé régulièrement à des chocs chimiques chlorés ou autres désinfectants.
     
  • des mesures complémentaires
    sont à prendre pour modifier les installations si le débouché de la tour n’est pas suffisamment éloigné (environ 8 m minimum) des prises d’air et ventilations des immeubles ou des bâtiments publics. De même, si des travaux de remplacement sont programmés, un équipement à batterie sèche qui élimine le contact entre le fluide contaminé et l’air sera préféré.
   
Les fontaines réfrigérées 
 

Ces équipements sont bien connus pour être des nids à bactéries. La légionelle ne fait pas exception puisque l’on la retrouve fréquemment dans ces équipements. Même s’il n’a pas été prouvé que le fait de boire de l’eau contaminée par la légionelle est dangereux, ce n’est pas une raison pour les laisser s’y développer et contaminer les réseaux ou d’autres installations.

Les mesures de prévention sont un entretien et une désinfection régulière du système.
   
Les fontaines décoratives 
 

Souvent, les fontaines décoratives sont constituées d’un circuit fermé, donc une stagnation d’eau se crée. En fonction de la taille de la fontaine, le jet d’eau peut constituer une source de contamination si la brumisation est importante.

Les mesures de prévention sont un entretien et une désinfection régulière du système.

 

Analyses bactériologiques :

En vue de contrôler la quantité de légionelles présente dans les différents équipements de l’établissement, il existe des laboratoires accrédités spécialisés.

Il est recommandé de consigner dans le carnet sanitaire l’ensemble des résultats issus de la surveillance.

Les fréquences des mesures de légionelles dans l’installation sont généralement les suivantes :
 
Pour l’eau froide sanitaire :
  • 1X/an l’eau de distribution
     
  • si point de prélèvement avec T° > 25°C, 2X/an.
Pour l’eau chaude sanitaire :
  • 2X/an les points à risques principaux.
     

  • si un point de prélèvement a des mesures positives de légionelles augmenter les fréquences à 4X/an.

Pour les tours de refroidissement (aéroréfrigérantes) :
  • 2X/an.
     
  • si un point de prélèvement a des mesures positives de légionelles augmenter les fréquences à 4X/an.
Pour les fontaines, climatiseurs et humidificateurs :
  • 1X/an
     
  • si un point de prélèvement a des mesures positives de légionelles augmenter les fréquences à 2X/an.

Dans tous les cas, les résultats obtenus dans le cadre du suivi de ces indicateurs doivent faire l’objet d’une interprétation et, si nécessaire, entraîner la mise en œuvre d’actions correctives.

La périodicité et le choix des sites de prélèvements ne peuvent être définis une fois pour toutes. Ils dépendent en effet des résultats observés, de l’usage qui est fait des installations, de la manière dont les utilisateurs risquent d’être exposés ainsi que des difficultés éventuellement rencontrées pour traiter les épisodes de contamination.

Il est par ailleurs conseillé, pour faciliter l’interprétation des résultats d’analyses de légionelles, de relever la température de l’eau au niveau des points de prélèvement.

Cette manière de procéder permettra de cibler la contamination et ainsi choisir sans ambiguïté les actions nécessaires (la gestion de la « crise » en sera grandement facilitée).

Des discussions subsistent quant aux valeurs guides. Cependant, voici un résumé des principales valeurs guides (Belgique, France, Allemagne, Suisse, Pays-Bas) pour des bâtiments « classiques » :
 

Concentration [ ]
en Legionella pneumophila par litre (CFU/l)
CFU = Unité Formant Colonies


Interprétation

< 100

Valeur guide (limite de détection = 50 CFU/l)

< 1 000

Faible contamination

> 1 000

Contamination

> 1 000 et < 5 000

Niveau de vigilance

> 5 000 et < 10 000

Niveau d'intervention

> 10 000

Contamination importante

Niveau de fermeture des installations

Seuil d’alarme

Désinfecter + actions préventives

> 100 000

Contamination très importante

Empêcher l’utilisation de l’eau

Désinfecter + actions préventives


Dans le cas de bâtiments où se trouvent des personnes immuno-déficientes (hôpitaux, maison de repos …), les seuils d’alarme sont divisés par 10. (Ces seuils sont actuellement revus à la baisse.)

Les analyses doivent être effectuées par un laboratoire qui dispose d’une accréditation (par ex. Beltest) et qui applique une norme (NEN 6265, AFNOR T90-431).

 

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