Légionelle - Mesures de préventions (occupant non technicien) - Mesures de prévention adéquates
Mesures de prévention générales :
Les actions préventives ont pour but d’éliminer les
conditions favorables à la survie et à la prolifération des légionelles dans
les installations et de limiter leur diffusion sous forme d’aérosols.
Actuellement, les systèmes de distribution d’eau chaude et
les tours de refroidissement semblent être à l’origine du plus grand nombre
de cas de légionelloses. Le présent chapitre développe les mesures
structurelles à mettre en œuvre mais aussi les mesures de gestion des
risques liées à ces installations.
Installations sanitaires
Pour limiter le développement des légionelles, il est nécessaire
d’agir sur trois niveaux :
éviter la
stagnation et assurer une bonne circulation de l’eau (bouclage et circulation
adéquate de l’eau). Lors d’un arrêt temporaire de l’utilisation de
l’installation, il est nécessaire de purger les conduites ;
lutter
contre les dépôts dans les réservoirs d’eau, l’entartrage et la
corrosion des conduites par une conception et un entretien
adaptés à la qualité de l’eau et aux caractéristiques de
l’installation ;
maintenir l’eau à une température élevée (≥
60°C et retour de boucle
≥
55°C ou le plus proche possible suivant les possibilités des
conduites) dans les installations, depuis la production et tout
au long des circuits de distribution et mitiger l’eau au plus
prêt des points d’usage. Etant donné que des températures
supérieures à 55°C présentent des dangers de brûlures, les
recommandations précitées exigent le recours généralisé aux
mitigeurs thermostatiques. La canalisation devra dans ce cas
être disposée de telle manière que la température de l’eau à
l’entrée du mitigeur ne soit pas inférieure à 60°C, même sans
aucun puisage (boucle).
Pour être efficaces, les actions préventives doivent être exercées
aux étapes suivantes :
la
conception des installations ;
la
maintenance et l’entretien ;
la
maîtrise de la température de l’eau.
La mise en œuvre de ces actions limite voir supprime la
nécessité de réaliser des interventions curatives ponctuelles sur le
réseau telles que des chocs chlorés ou des chocs thermiques,
lesquels ne garantissent pas une réduction de la contamination sur
le long terme. En outre, des chocs thermiques ou chlorés peuvent
parfois avoir pour conséquences un déséquilibre de la flore
microbienne et la dégradation des installations, favorisant ainsi la
création de nouveaux gîtes favorables à la prolifération des
légionelles.
Néanmoins, dans les bâtiments existants, des travaux de
réfection peuvent s’avérer nécessaires afin de supprimer les défauts
de conception.
Les
climatisations
Dans les
blocs de climatisation, l’eau se condense sur les ailettes froides.
Elles sont recueillies dans un bac. Si l’évacuation de cette eau se
fait mal, l’eau va stagner et des bactéries peuvent s’y développer.
La ventilation de la climatisation va propager les bactéries dans
l’air ambiant et augmenter les risques de contamination.
Les mesures de prévention comprennent :
des
mesures de lutte à court terme :
- un nettoyage complet des surfaces et des composants pour
enlever tous dépôts ou boues ;
- une désinfection par brossage avec des produits chlorés qu’il
conviendra d’éliminer avant la remise en service de
l’installation ;
des
mesures de lutte à long terme :
- la qualité de l’eau introduite dans l’installation doit être
soigneusement contrôlée ;
- la qualité de la maintenance est essentielle.
Les humidificateurs d’air
Basés sur le
système de brumisation d’eau, ces équipements peuvent se révéler
dangereux en fonction de la qualité d’eau utilisée et dispersée dans
l’air. Les mesures de prévention sont identiques à celles
mentionnées ci-dessus pour les climatisations.
Les tours aéro-réfrigérantes
Le principe des tours aéro-réfrigérantes est de refroidir de
l’eau pulvérisée sur un support qui favorise les échanges thermiques
par évaporation avec de l’air circulant à contre-courant (voir
schémas en page 55). L’air expulsé par la tour est constitué de
gouttelettes et véhicules des légionelles si le mauvais entretien
et/ou la stagnation d’eau en a favorisé la prolifération. Une tour
aéro-réfrigérante peut être à l’origine de contaminations à
l’intérieur de l’établissement qui en est équipé ou à l’intérieur
d’autres établissements situés à proximité ou même de lieux de
rassemblement de personnes à l’extérieur (arrêt de bus, quai,
installations sportives, …)
Les mesures de
prévention comprennent :
des
mesures de lutte à court terme :
- un nettoyage complet des surfaces et des composants pour
enlever tous dépôts ou boues ;
- une désinfection par choc chloré;
des
mesures de lutte à long terme :
- une maintenance régulière de préférence par une entreprise
spécialisée ;
- une mesure de chloration permanente est souhaitable.
Si elle n’est pas techniquement possible (corrosion), il peut être
procédé régulièrement à des chocs chimiques chlorés ou autres
désinfectants.
des
mesures complémentaires
sont à prendre pour modifier les installations si le débouché de
la tour n’est pas suffisamment éloigné (environ 8 m minimum) des
prises d’air et ventilations des immeubles ou des bâtiments
publics. De même, si des travaux de remplacement sont
programmés, un équipement à batterie sèche qui élimine le
contact entre le fluide contaminé et l’air sera préféré.
Les fontaines réfrigérées
Ces équipements sont bien connus pour être des nids à
bactéries. La légionelle ne fait pas exception puisque l’on la
retrouve fréquemment dans ces équipements. Même s’il n’a pas été
prouvé que le fait de boire de l’eau contaminée par la légionelle
est dangereux, ce n’est pas une raison pour les laisser s’y
développer et contaminer les réseaux ou d’autres installations.
Les mesures de
prévention sont un entretien et une désinfection régulière du
système.
Les fontaines décoratives
Souvent, les fontaines décoratives sont constituées d’un
circuit fermé, donc une stagnation d’eau se crée. En fonction de la
taille de la fontaine, le jet d’eau peut constituer une source de
contamination si la brumisation est importante.
Les mesures de
prévention sont un entretien et une désinfection régulière du
système.
Analyses bactériologiques :
En vue de contrôler la quantité de légionelles présente dans
les différents équipements de l’établissement, il existe des laboratoires
accrédités spécialisés.
Il est recommandé de consigner dans le carnet sanitaire
l’ensemble des résultats issus de la surveillance.
Les fréquences des
mesures de légionelles dans l’installation sont généralement les suivantes :
Pour l’eau
froide sanitaire :
1X/an l’eau de distribution
si point de prélèvement avec
T° > 25°C, 2X/an.
Pour l’eau chaude sanitaire :
2X/an les
points à risques principaux.
si un point
de prélèvement a des mesures positives de légionelles augmenter
les fréquences à 4X/an.
Pour les tours de refroidissement (aéroréfrigérantes) :
2X/an.
si un
point de prélèvement a des mesures positives de légionelles
augmenter les fréquences à 4X/an.
Pour les fontaines, climatiseurs et humidificateurs :
1X/an
si un
point de prélèvement a des mesures positives de légionelles
augmenter les fréquences à 2X/an.
Dans tous les cas, les résultats obtenus dans le cadre du
suivi de ces indicateurs doivent faire l’objet d’une interprétation et, si
nécessaire, entraîner la mise en œuvre d’actions correctives.
La périodicité et le choix des sites de prélèvements ne
peuvent être définis une fois pour toutes. Ils dépendent en effet des
résultats observés, de l’usage qui est fait des installations, de la manière
dont les utilisateurs risquent d’être exposés ainsi que des difficultés
éventuellement rencontrées pour traiter les épisodes de contamination.
Il est par ailleurs conseillé, pour faciliter
l’interprétation des résultats d’analyses de légionelles, de relever la
température de l’eau au niveau des points de prélèvement.
Cette
manière de procéder permettra de cibler la contamination et ainsi choisir
sans ambiguïté les actions nécessaires (la gestion de la « crise » en sera
grandement facilitée).
Des
discussions subsistent quant aux valeurs guides. Cependant, voici un résumé
des principales valeurs guides (Belgique, France, Allemagne, Suisse,
Pays-Bas) pour des bâtiments « classiques » :
Concentration [ ] en Legionella pneumophila par litre (CFU/l) CFU = Unité Formant Colonies
Interprétation
< 100
Valeur guide
(limite de détection = 50 CFU/l)
< 1 000
Faible
contamination
> 1 000
Contamination
> 1 000 et < 5 000
Niveau de
vigilance
> 5 000 et < 10
000
Niveau
d'intervention
> 10 000
Contamination
importante
Niveau de fermeture
des installations
Seuil d’alarme
Désinfecter +
actions préventives
> 100 000
Contamination très
importante
Empêcher
l’utilisation de l’eau
Désinfecter +
actions préventives
Dans le cas de bâtiments où se trouvent des personnes immuno-déficientes
(hôpitaux, maison de repos …), les seuils d’alarme sont divisés par 10. (Ces
seuils sont actuellement revus à la baisse.)
Les analyses doivent
être effectuées par un laboratoire qui dispose d’une accréditation (par ex.
Beltest) et qui applique une norme (NEN 6265, AFNOR T90-431).